Cette rencontre a été organisée le samedi 23 novembre 2013, de 9h à 13h, à Lille (amphi multimédia - pôle formation de la Faculté de Médecine - Lille 2)
Les pratiques de soins visent à rendre, à celui qui en bénéficie, l’exercice de son autonomie corporelle et psychique. Reconnaître la capacité d’une personne à être à l’initiative de ses actions et au principe de ses valeurs est inséparable de l’idée même de soins. Nous retrouvons ici toute la sollicitude - le soin - qui est apporté à un enfant au début de sa vie et l’importance de lui reconnaître la légitimité de co-créer la relation qui le lie à nous.
Que penser de cette capacité d’agir lorsqu’elle est entravée par un déterminisme naturel comme celui de la maladie (somatique ou mentale), du handicap, de la vieillesse qui en limite ou en empêche l’expression ? Que penser de cette capacité d’agir en situation de vulnérabilité ?
Loin d’être considéré comme une déviance vis-à-vis de « la » normalité, il nous semble que cet écart causé par la maladie devrait nous permettre au contraire de penser, de façon plus juste, l’homme et les soins que nous lui prodiguons.
Par l’importance qu’il donne au désir et au déterminisme de nos existences, Spinoza* nous transmet ce devoir de résistance à l’égard des idées reçues et des projections abusives qui menacent nos pratiques. La vitesse, la recherche de l’efficacité et de la rentabilité trouvent ici leur revers, car elles risquent de faire oublier que l’acte de soigner doit exclusivement être au service de l’homme.
L’attention ne devient plus qu’une variable cognitive alors qu’elle est avant tout ce qui nous ouvre à l’autre et à la pensée. Si elle nécessite un travail, des expériences, des rencontres, des confrontations sans cesse renouvelées à l’altérité, dans le même temps, elle nous délivre de cette soumission aux idées fausses que Spinoza appelle inadéquates. L’attention nous conduit à comprendre les causes de nos actions et à penser l’homme comme agent de sa propre existence et non comme s’il la surplombait de son seul pouvoir de décision.
Critique du libre arbitre - pseudo-autonomie qui séparerait les hommes plutôt que de les unir, Spinoza défend une éthique dont la puissance de pensée ne cesse d’agir.
Page mise à jour le : 14/01/2016 (11h43)
Espace éthique hospitalier et universitaire de Lille -
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